Éclair, le son révélateur
Série documentaire révélant la mémoire sonore d’un lieu et de ses travailleur·ses.
Pendant plus d’un siècle, les bains révélateurs des Laboratoires Éclair ont fait apparaître des images sur des milliers de kilomètres de pellicule. Avec l’arrivée du numérique et la fermeture de l’entreprise en 2013, un bastion du cinéma argentique disparaît, et avec lui, des machines, des savoir-faire et beaucoup de métiers. Les ouvrier·es de cette usine d’Épinay-sur-Seine ont souvent travaillé une vie entière à finaliser les œuvres des cinéastes.
Avec leur complicité, la compagnie Décor Sonore et le collectif Transmission ont cherché pendant plusieurs mois à révéler la mémoire sonore de ce lieu emblématique de l'industrie du cinéma français :
Au sein d’une exposition archéophonique (juillet 2022) d’abord, imaginée par la compagnie Décor Sonore et dirigée par Michel Risse, dans l’ancien site des Laboratoires d’Épinay-sur-Seine, à partir de témoignages recueillis par les auteur·ices du collectif Transmission auprès des ancien·nes salarié·es des Laboratoires Éclair.
Pour une série documentaire ensuite, écrite et réalisée par Clara Ries et Sarah Lefèvre du collectif Transmission. Comment les sons de ce lieu de travail, de sociabilité, de vie résonnent encore pour ces femmes et ces hommes qui ont développé, tiré, monté, étalonné les films des plus grands cinéastes depuis les années 1960 ? Comment documenter puis transmettre cette mémoire sociale, collective ?
Avec André Bonafos, Gérard Estival, Micheline Langenfeld, Daniel Langenfeld, Patrick Langenfeld, Eddy Nakkaa, Pascal Prat, Odile Sanchez et Max Sebban, nous sommes retourné·es aux Laboratoires Éclair, dans les pièces vides et couloirs qui résonnent afin que ressurgissent les images et les sons d’un quotidien hors-du-commun de près de 40 ans pour la plupart. C’est là que nous avons recueilli, un à un, ces témoignages, matière première de l’exposition comme des épisodes de la création sonore.
C’est là aussi que nous avons été frappé·es par leur enthousiasme, quand toutes et tous évoquaient le quotidien entre les murs de cette usine, la solidarité face aux contraintes de l’industrie cinématographique, l’histoire d’une “grande famille” : Ces paroles témoignent-elles d’une émulation durant toutes ces années de travail ou incarnent-elles la joie du partage des souvenirs, au moment où l’on s’apprête à les archiver ?
Qu’en était-il du son des machines évoquées par les ouvrier·es durant le tournage, comment les faire entendre ? Nous nous sommes rendus dans l’un des derniers lieux de fabrication du cinéma argentique, l’Abominable, à La Courneuve. Cette partie du tournage au pied des machines de développement et des bains de tirage prenait d’autant plus sens que ces installations allaient déménager quelques mois plus tard au sein des Laboratoires d’Épinay.
Cette polyphonie rythme l’écriture de la série, ainsi que sa structure chronologique et thématique. Les bribes d’archives de films entendues dans les couloirs esquissent l'arrière-plan sonore des laboratoires.
Éclair - Le son révélateur retrace l’histoire commune des travailleurs et travailleuses de l’ombre du cinéma argentique, et fait rejaillir à travers elle la mémoire de sons disparus (ou presque) - celui de la pellicule, d’une époque, d’un lieu et d’outils de travail qui lui étaient entièrement dédiés.
Prix radiophoniques :
- Prix Découverte de la SCAM 2023
- Prix du Public Festival Phonurgia Nova Awards 2022, catégorie Archives de la Parole
- Sélectionné au Festival Longueurs d'Ondes 2023, catégorie Petites Ondes
Diffusions publiques en festivals :
- Festival Les Nuits photographiques 2023, Paris
- Radio Utopia / Ball Theatre La fête n'est pas finie, Biennale de Venise 2023
- Festival Écoute(s) 2022, Grenoble
Diffusion Ondes :
- Le Labo, RTS, février 2023
- Par Ouï-Dire, RTBF, décembre 2022
- L'Heure de Pointe, Radio Panik Bruxelles, 2023
- Récréation sonore, Radio Campus Paris, 2023
- Radio Escapades, 2022
- Radio Zinzine, 2022
La série documentaire est constituée d’un prélude et de 5 épisodes thématiques :
Prélude Éclair (3’07)
Que nous reste-il du jargon technique de la fabrique des films ? Une indispensable entrée en matière.
Épisode 1 / Des pellicules, des femmes et des hommes (12’01)
À l’heure du développement et du tirage argentique, les parcours des employé·es des Laboratoires Éclair sont intimement liés à la fabrique des films : Ils et elles arrivent souvent très jeunes et apprennent leurs métiers sur le tas, en passant d’un poste à un autre, du montage positif au négatif, du tirage à l’étalonnage…
Épisode 2 / Dans l’ombre de la lumière (16’22)
À l’heure de la pellicule, beaucoup d’ouvrier·es des Laboratoires Éclair travaillent dans le noir, en ayant toujours conscience d’œuvrer dans l’ombre des réalisateur·ices et comédien·nes - ces monstres du cinéma que l’on admire et qu’il ne s’agit surtout pas de décevoir.
Épisode 3 / Les bruits des machins et des machines (12’39)
Dans les couloirs des Labos Éclair résonne le roulis des chariots bondés de bobines métalliques, des sonneries de téléphones et des collègues qui surgissent pour réclamer de l’aide. Dans le noir de la salle de développement, le clac de la machine est aussi un repère indispensable pour pouvoir réagir.
Épisode 4 / La grande famille (12’27)
Les Labos Éclair ont vu passer des générations de travailleur·ses souvent de la même famille. L’entreprise en a même créé, des familles. Une “belle époque” où régnait une forte camaraderie que les grèves de 68 n’ont pas réussi à diviser.
Épisode 5 / La fin de la bobine (13’51)
Avec l'arrivée du tout digital, on assiste à la fin de la bobine, la fin des odeurs, la fin des sons des machines, et d’une matière devenue la spécialité des travailleur·ses d'Éclair. « Le numérique est un ogre qui a tout bouffé » et avec lui, des dizaines de métiers.
Une création du collectif Transmission.
Écriture et réalisation : Sarah Lefèvre et Clara Ries
Entretiens, documentation, prises de sons : Juliette Bouveresse, Annabelle Croze, Lucile Hochdoerffer, Ada Kerserho, Sarah Lefèvre, Oriane Marty, Floriane Moro, Matthieu Perrot, Noémi Quesnay, Clara Ries
Composition musicale : Michel Risse, compagnie Décor Sonore
Production : Projet réalisé dans le cadre de Périfééries 2028, la candidature de Saint-Denis, Plaine Commune et la Seine-Saint-Denis au titre de Capitale européenne de la culture 2028. Avec le soutien de la Ville d'Épinay-sur-Seine, de Plaine Commune et du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.